C’est le titre d’une émission de radio qui passe en ce moment….
Qu’est ce que je faisais ?
C’est la date anniversaire de la chute du mur de Berlin… tout le monde se rappelle ce qu’il faisait ce jour là, tout le monde se rappelle de sa joie, de l’effervescence des rues de Berlin...
Moi, non. Je me rappelle des larmes qui ont coulées, ça oui… je me rappelle aussi de la petite dame en noir… Sûr, j’ai dû y penser toute cette journée du 9 novembre 1989.
J’ai 20 ans et nous sommes en 1978… j’ai la chance d’être à Berlin pour quelques jours… Berlin et son mur, le mur de la honte… symbole du rideau de fer qui sépare l’Europe…
Evidemment mes pas me conduisent devant cette balafre qui sépare la magnifique ville de Berlin. D’un coté l’ouest et son opulence, de l’autre l’est est son ostracisme.
Le « premier mur » (et je dirai le plus impressionnant symboliquement) a été construit une nuit d’aout 1961 par les soldats de la RDA. Ils ont purement et simplement murés les fenêtres et les portes des façades d’une rue, muré les ruelles et les impasses aussi. Le temps s’est arrêté cette nuit là en séparant les familles et les gens qui s’aimaient..…
Coté ouest la vie a évoluée au rythme de la civilisation, coté est le temps s’est figé. Les gens n’ont plus le droit de circuler librement, on devine la pauvreté, la des-espérance.…
A l’ouest, devant le mur les autorités ont édifiés des petits miradors pour que l’on puisse voir « l’Est ». Ils sont érigé à 8 mètres du sol et à disposition de la population…
C’est là que je me trouve avec mon guide…
Une petite dame en noir arrive et grimpe difficilement les escaliers en bois pour arriver jusqu’à la plate forme.
Et là, sans se soucier de nous se met à crier en direction de l’Est.
Mon allemand précaire me permet de reconnaître certains mots.
Enfants… amour… bébé… et même anniversaire.
Mais pour être franche je suis bien incapable de comprendre le « fond » de son discours.
Je me tourne vers mon guide.. et lui demande ce qu’elle fait.
- « Comme tous les jours, elle vient parler à ses enfants qui habitent à l’Est…
- Mais il n’y a personne en face !!! (Au dela du mur, au de là du « no man's land »je vois les rues de Berlin Est désespérément vides..)
- Je sais, mais elle, elle ne peut le voir, elle devient aveugle…
- Et elle n’entend pas qu’il n’y a plus de réponses ?
- Elle devient sourde aussi et depuis le temps les enfants ont arrêté de venir…
- Et elle vient souvent comme ça ?
- Tous les jours, à la même heure depuis août 1961...
Je calcule, nous sommes en 1978…
Je me tourne vers ma petite grand-mère-en-noir... elle parle et elle pleure en même temps.
J’en suis sûre maintenant, le 09 novembre 1989, c’est à « Elle » que j’ai pensé.
Il ne pouvait en être autrement.
Etait-elle vivante ? A-t-elle pu les embrasser ?
Aujourd’hui le 09 novembre 2009, je me pose encore la question.